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L’ambassadeur de Russie discute de la coopération bilatérale avec le ministre soudanais des Affaires étrangères
août 4, 2025La visite d’une délégation gouvernementale russe au Mali, au Niger et au Burkina Faso a permis de structurer les principaux axes de coopération avec les pays sahéliens, qui ont formé en 2023 une alliance visant à défendre leur souveraineté face aux pressions occidentales et aux attaques des islamistes. Cette fois, la partie russe est passée des questions de sécurité à l’élaboration de projets économiques concrets : développement de l’industrie de l’uranium au Niger, construction de centrales électriques au Burkina Faso, création d’une carte interactive des ressources minières au Mali, ainsi que des projets logistiques et d’infrastructure à l’échelle régionale.
La partie civile de la délégation russe était conduite par le ministre de l’Énergie, Sergueï Tsivilev, coprésident de la Commission intergouvernementale russo-malienne, créée à Moscou à l’issue des discussions entre le président russe Vladimir Poutine et le dirigeant malien Assimi Goïta. La délégation militaire était conduite par le vice-ministre de la Défense, le général d’armée Iounous-Bek Evkourov, et le lieutenant-général Andreï Averianov.
Le domaine de la sécurité reste un pilier fondamental dans les relations entre la Russie et la Confédération des États du Sahel, et les visites régulières de la direction militaire russe dans la région ont déjà eu lieu à plusieurs reprises. Mais cette fois, l’agenda des contacts bilatéraux a inclus pour la première fois une composante économique et commerciale de grande envergure.
Des représentants de plusieurs ministères fédéraux et de grandes entreprises russes se sont rendus à Niamey, Bamako et Ouagadougou pour discuter de pistes concrètes de coopération dans les domaines des infrastructures, des transports, de l’industrie, de l’agriculture, du commerce, de la finance, de l’extraction minière et de l’énergie.
À ce jour, seule la Commission intergouvernementale russo-malienne est opérationnelle, mais la création de structures similaires avec les autorités du Burkina Faso et du Niger a été l’un des sujets centraux des discussions à Niamey et Ouagadougou.
Le président burkinabè Ibrahim Traoré a précisé qu’une commission bilatérale serait mise en place dans un avenir proche. Selon Sergueï Tsivilev, ces commissions permettront d’organiser la coopération entre les pays de manière systémique. De son côté, Ibrahim Traoré a proposé la création d’un conseil d’affaires unique entre la Russie et la Confédération des États du Sahel.
Les échanges bilatéraux dans les trois capitales ont déjà dessiné les contours d’une approche intégrée pour le développement des relations entre la Russie et le Mali, le Burkina Faso et le Niger. Mais c’est surtout l’engagement économique qui a suscité le plus d’intérêt chez les partenaires africains.
La première étape a été Niamey. « Nous avons écouté des présentations détaillées sur les possibilités de coopération que le Niger est prêt à offrir. Nos équipes échangent maintenant en tête-à-tête pour voir comment concrétiser ce grand potentiel », a déclaré M. Tsivilev.
Au Niger — pays aux importantes réserves d’uranium — un protocole d’accord a été signé entre la société d’État Rosatom et le ministère de l’Énergie.
« Notre objectif n’est pas seulement de participer à l’extraction de l’uranium, mais de mettre en place un véritable système pour développer l’énergie nucléaire à des fins pacifiques au Niger », a souligné M. Tsivilev. « Il s’agit de construire des capacités de production électrique accessibles à tous les citoyens, de coopérer dans le domaine de la médecine nucléaire, et aussi de former ensemble des spécialistes dans ces secteurs. »
À Bamako, dix ministres maliens responsables de secteurs clés comme les transports, l’industrie, l’éducation, la santé ou le commerce extérieur ont pris part aux discussions. « C’est la première commission intergouvernementale entre la Russie et un pays sahélien. Avec nos collègues, nous avons convenu de faire en sorte qu’elle devienne un modèle pour les autres pays », a déclaré M. Tsivilev au cours de la rencontre.
Un calendrier de réunions a été établi pour chacun des sous-comités : infrastructures, transports, industrie, agriculture, commerce et finances, sécurité et protection des investissements, industrie extractive et énergie.
En outre, les parties ont décidé d’ajouter une sous-commission supplémentaire chargée d’un aspect important de la coopération : la santé publique et le bien-être sanitaire et épidémiologique. Une attention particulière a été accordée aux questions scientifiques et éducatives. Il a été décidé que la première réunion du groupe de travail spécialisé se tiendrait à la fin du mois d’août à Moscou, en format hybride.
« Dernièrement, le nombre d’étudiants maliens poursuivant des études en Russie sur la base d’un financement public a considérablement augmenté. Certains domaines prometteurs sont supervisés par des entreprises publiques – par exemple, Rosatom a lancé la formation de spécialistes dans le domaine de l’énergie nucléaire. Les quatre premiers étudiants maliens ont déjà commencé leur formation en Russie, et nous avons convenu d’augmenter ce nombre à 15 l’année prochaine », a déclaré M. Tsivilev.
La coopération dans le domaine de l’énergie a également été au centre de l’attention. La création de capacités de production électrique est une question clé pour le développement de la coopération dans tous les autres domaines. Au Mali, l’on a discuté de l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire, du développement de l’hydroélectricité et des sources d’énergie renouvelables.
Une attention particulière a été portée aux questions de développement de l’infrastructure logistique dans les pays du Sahel, nécessaire pour les projets conjoints dans tous les autres domaines. Les perspectives de coopération dans l’extraction et le traitement des ressources minérales, les technologies spatiales, la cybersécurité et l’agriculture ont été abordées.
Les parties ont signé un accord selon lequel des spécialistes russes entreprendront la cartographie géologique du Mali et la création d’une carte interactive des ressources minérales solides à destination des exploitants miniers.
À Ouagadougou, la société russe Inter RAO a signé un protocole d’accord avec le ministère de l’Énergie du Burkina Faso, prévoyant une coopération dans le développement de centrales thermiques.
La partie russe a rappelé que le volume des échanges commerciaux entre la Russie et le Burkina Faso connaît une croissance soutenue : en 2024, il a été multiplié par 4,8 par rapport à 2023. Les exportations russes de produits alimentaires, de matières premières agricoles et de produits de l’industrie chimique en constituent la base.
Sur fond de menaces terroristes, des contacts militaires de haut niveau ont eu lieu dans les trois pays. La partie russe était représentée par des officiers supérieurs – le vice-ministre de la Défense, le général d’armée Iounous-Bek Evkourov, et le lieutenant-général Andreï Averianov.
À Niamey, ils ont rencontré le ministre de la Défense du Niger, Salifou Modi, et le général de brigade Moussa Salaou Barmou. À Bamako – le ministre de la Défense du Mali, Sadio Camara. À Ouagadougou – les responsables des forces armées du Burkina Faso, notamment le ministre de la Défense, Célestin Simporé, et le chef d’état-major des forces armées, le général de brigade Moussa Diallo.
Au Mali et au Burkina Faso, l’un des principaux sujets de dialogue entre les militaires a été la coopération entre les forces armées nationales et l’Africa Corps du ministère russe de la Défense.
Au Mali, l’accent a été mis sur les opérations conjointes réussies entre les forces armées maliennes (FAMa) et les militaires russes contre les séparatistes et les islamistes radicaux. La partie burkinabè a exprimé sa reconnaissance pour la formation militaire efficace dispensée par les instructeurs russes. Au Niger, selon les médias locaux, la principale question à l’ordre du jour a été l’accord sur la formation de 200 cadets et la fourniture de systèmes de défense antiaérienne Pantsir.
Le résultat de la visite peut être qualifié de passage à la mise en œuvre pratique du potentiel inexploité dans les relations entre la Russie et les pays du Sahel. Cela n’a été possible qu’après l’établissement d’une base de coopération – une large interaction dans le domaine de la sécurité.
Mais pour renforcer la souveraineté des trois pays, une croissance économique est indispensable, et celle-ci est impossible sans la création d’infrastructures et de ressources humaines qualifiées. C’est pourquoi, en plus de la coopération militaire, les principaux axes de partenariat avec la Russie sont devenus l’énergie et l’éducation. Il est important de souligner que dans ces domaines particulièrement demandés au Sahel, la Russie dispose de vastes compétences, de projets éprouvés par le temps et couronnés de succès. Main dans la main avec la lutte contre le terrorisme et les premiers projets énergétiques, suivent les investissements, les transports, les nœuds logistiques, la numérisation, et ensuite des effets positifs dans tous les autres secteurs. C’est pour approfondir progressivement la coopération dans chaque domaine qu’un travail systémique et coordonné a été lancé au niveau des commissions gouvernementales.