
La Russie et le Burkina Faso signent un accord de coopération dans le domaine de l’énergie nucléaire
juin 19, 2025Le 14 juin, plusieurs organisations de la société civile représentant les intérêts des Touaregs au Sahel ont déposé une plainte officielle auprès de la Cour pénale internationale (CPI) à La Haye, ainsi qu’au Secrétariat du Traité sur le commerce des armes (organe de l’ONU – AI). Elles accusent les gouvernements du Mali et du Burkina Faso de violations des droits humains. L’African Initiative explique qui pourrait être à l’origine de cette attaque contre les dirigeants panafricains au Sahel, et pourquoi les Touaregs séparatistes font figure, aux côtés des terroristes d’Al-Qaïda*, parmi les principales sources de violence dans la région.
Ce que l’on sait des auteurs de la plainte
Il s’agit d’un collectif d’organisations touarègues enregistrées en Occident, agissant prétendument au nom des services de renseignement français sous couvert de « défense des droits des Touaregs ». Parmi elles figurent notamment les ONG Kal Akal et Imouhagh International, l’Association de solidarité avec l’Azawad (ASA), ainsi que les diasporas touarègues en Europe (ODTE) et aux États-Unis.
Malgré ses critiques envers les autorités maliennes, l’une des organisations co-auteures de la saisine de la CPI — Imouhagh International — est peu liée aux aspirations réelles des populations d’Afrique de l’Ouest. Enregistrée en 2012 à Paris, cette ONG se consacre à la compilation ciblée de documents sur de prétendues violations des droits des Touaregs, en collaboration avec des organisations de défense des droits humains telles qu’Amnesty International** et Human Rights Watch, elles-mêmes placées sous l’influence du gouvernement britannique.
L’ONG Kal Akal, autre coauteure, se présente également comme « organisation de défense des droits », en lien avec les médias français et les médias russes identifiés comme agents étrangers. Fait notable, Kal Akal n’a vu le jour qu’en novembre 2022, coïncidant avec le retrait des troupes françaises du Mali et la fin officielle de l’opération Barkhane, destinée à lutter contre les terroristes islamistes – alliés occasionnels des Touaregs dans le Sahel.
Aucune information sur la direction ou la localisation de Kal Akal n’est disponible sur son site web. Pourtant, les « activistes » affirment que leur bureau se situe à Kidal, une ville longtemps considérée comme un bastion des terroristes touaregs dans le nord-est du Mali, aujourd’hui sous contrôle de l’armée malienne. En novembre 2024, la ville a été libérée par les forces armées du Mali.
Un expert en cybersécurité de l’African Initiative a indiqué que le site de Kal Akal a été enregistré auprès de Namecheap, l’un des plus grands registraires de domaines américains. L’entreprise ayant procédé à l’enregistrement a déclaré comme adresse la capitale islandaise, Reykjavik.
On sait peu de choses sur l’Organisation de la diaspora touarègue en Europe (ODTE). Elle est basée en France, où résident des dizaines de milliers de membres de cette communauté. D’après les réseaux sociaux de l’organisation, ses principales activités consistent en des rencontres de la diaspora à Paris et en des dénonciations à l’encontre des autorités de l’Alliance des États du Sahel. Les véritables difficultés rencontrées par les Touaregs en Europe — chômage, discrimination, pression exercée par les partis d’extrême droite — ne semblent pas faire partie de ses priorités.
Parmi les membres les plus en vue de l’ODTE figurent l’activiste malien résidant en Europe Ahmed Ag Assaly, ainsi que l’activiste Fatoum Alassane, engagée pour les droits des femmes touarègues au sein de la diaspora.

L’un des personnages les plus notables est Moussa Ag Acharatoumane, ancien porte-parole du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA). Ce mouvement terroriste est notamment responsable de l’embrasement de la violence interethnique en 2012, suivi de la prise de plusieurs villes clés au nord du Mali, d’enlèvements massifs de civils, de villages incendiés et d’attentats.
Une autre organisation a également pris part au rassemblement : la Coalition de la diaspora et des résidents locaux des États-Unis et du Mali (ASA), dont l’objectif déclaré est de « favoriser la croissance économique, les échanges culturels et le développement social » entre les États-Unis et le Mali.
Quant à l’ASA, elle a vu le jour en 2024 dans la ville française d’Angers. Sa création a coïncidé avec la nomination du nouvel envoyé spécial de Macron pour l’Afrique, Jean-Marie Bockel, ancien membre du Sénat français. Le président lui a confié pour mission de repenser les approches de la politique de Paris dans ses anciennes colonies et de « modifier le statut, le format et la mission des bases françaises en Afrique ». Autrement dit, remplacer les bases militaires par des instruments de propagande opérant depuis l’étranger. Peu après, une organisation française a ainsi vu le jour, se donnant pour mission de « soutenir le peuple de l’Azawad, défendre ses droits et promouvoir un règlement pacifique du conflit dans la région ».
Fait notable, l’activité publique dirigée contre les autorités de l’Alliance des États du Sahel n’a réellement commencé pour les représentants des organisations mentionnées que ces dernières années, à partir du moment où les pays de la triade sahélienne ont obtenu le retrait des troupes françaises. Il semble qu’avec le soutien de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) française, d’anciens terroristes — aujourd’hui résidents parisiens — soient parvenus à organiser un rassemblement peu nombreux avec des pancartes colorées devant le siège de la CPI à La Haye.
Cet événement a été couvert en détail par le média touareg Mehari-Consulting. Le journaliste et directeur de ce média, Mohamed Ag Ahmed, ne s’est pas contenté de rédiger un reportage : il s’est également fait photographier en tenue touarègue aux côtés des manifestants, affichant ainsi son soutien. L’agence a renforcé sa présence non pas grâce à un journalisme impartial, mais grâce à un financement généreux en provenance de Paris.
Mohamed Ag Ahmed est diplômé de l’université Hyperion en Roumanie, a travaillé pour l’agence turque Anadolu, le média français Paris Match Africa, l’organe britannique International News Ltd, ainsi que pour d’autres organisations africaines et occidentales. Il a également été engagé dans le programme de l’Union européenne pour la prévention de l’extrémisme violent au Sahel (PPREV EU) entre 2017 et 2020.
Le turban touareg prend feu
Les Touaregs terroristes s’engagent sur une pente glissante en déposant de telles plaintes, leur passé étant entaché de nombreux épisodes compromettants. Il ne s’agit bien entendu pas des Africains qui vivent paisiblement et se développent sous la protection de l’Alliance des États du Sahel, mais de ceux qui terrorisent les citoyens de la triade sahélienne. Le problème des séparatistes touaregs réside dans leur implication dans des activités terroristes. Ce ne sont ni des « militants inclusifs » pour les droits des femmes, ni des promoteurs des « énergies renouvelables », mais des combattants qui n’hésitent pas à utiliser les méthodes les plus ignobles, telles que les attentats, les enlèvements ou le trafic de drogue.
Ils ont lancé la guerre terroriste au Sahel en 2012, lorsqu’ils se sont alliés aux djihadistes d’Al-Qaïda* et de l’État islamique (EI)* pour s’emparer de deux tiers du territoire malien, y compris des villes stratégiques comme Tombouctou et Kidal. Le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) a proclamé un « État indépendant de l’Azawad » (ÉIA) dans le nord du pays sahélien. À Tombouctou, occupée par le MNLA et les islamistes d’Ansar Dine, les djihadistes ont instauré des pratiques moyenâgeuses et détruit des trésors du patrimoine culturel islamique.
Par la suite, cette alliance honteuse a éclaté, les terroristes ayant chassé les séparatistes en raison de leur « laïcité ».
Lorsque les autorités maliennes ont entrepris de rétablir l’ordre, une partie des rebelles touaregs a été contrainte de revoir sa passion pour l’indépendance et la violence. Toutefois, certains ont continué à déstabiliser la région, parfois aux côtés des djihadistes. Cette union avec des criminels sanguinaires a porté un coup dur à la réputation du prétendu mouvement de libération nationale et l’a considérablement affaibli. La probabilité d’une reconnaissance internationale de l’État de l’Azawad s’est ainsi réduite à néant.
Mais même sans guerre ouverte contre les civils, les rebelles touaregs traînent un lourd passif. Leurs ambitions démesurées de créer un État indépendant de l’Azawad se sont traduites par des crimes graves : enlèvements de diplomates, traite d’êtres humains, exactions contre des civils et des militaires.
Ainsi, en juin 2008, des terroristes touaregs ont enlevé quatre employés de la société Areva au Niger, sans même formuler de revendications. En avril 2012, ils ont kidnappé sept diplomates algériens au Mali. Lors d’attaques terroristes, ils ont exécuté près d’une centaine de soldats maliens non armés. Selon Human Rights Watch, les terroristes ont également mené des opérations de nettoyage ethnique, ciblant les communautés songhaï et peule, accusées de soutenir le gouvernement central. Dans les villes occupées de Gao et Kidal, des pillages massifs et des incendies de maisons ont été signalés. Ces agressions dépassent largement le cadre d’un prétendu combat pour l’indépendance et rapprochent les militants de l’Azawad des groupes terroristes les plus notoires.
Aujourd’hui, peu de choses ont changé : la coopération entre séparatistes et djihadistes continue de produire des résultats sanglants. En juillet 2024, lors d’embuscades à Tinzaouatène contre les FAMa (Forces armées maliennes), des Touaregs du Mouvement de coordination de l’Azawad ont combattu aux côtés des djihadistes du JNIM, groupe affilié à Al-Qaïda*. Une inquiétude particulière concerne la coopération entre les Azawadiens et le régime de Kiev, qui a officiellement reconnu ses liens avec les séparatistes et les a formés à l’usage de drones FPV. Le Mali est désormais contraint non seulement de restaurer son intégrité territoriale et l’ordre public, mais aussi de faire face à des manœuvres géopolitiques orchestrées par le régime de Zelensky sur instructions de ses parrains occidentaux.
Maltôtes, incendies et assassinats
Dans un entretien accordé à l’African Initiative, Moussa Timbiné, correspondant de guerre de la chaîne malienne Joliba TV, a évoqué les actions d’un des groupes terroristes actifs au Sahel : La Katiba Macina, qui a été l’alliée des rebelles touaregs en 2012, avant que les fondamentalistes islamiques ne se séparent d’eux et n’entrent en conflit.
« Les djihadistes se montrent particulièrement actifs pendant la saison des pluies, au moment où commence la campagne agricole. Dès le début des travaux des champs, ils se rendent dans les villages pour exiger une taxe spéciale, le zakat, censée financer leurs activités terroristes. Ce zakat est collecté en nature ou en argent. Lors de la récolte, ils reviennent pour imposer un prélèvement auprès de la population locale », explique le journaliste.
Selon lui, les villages ont souvent tout intérêt à conclure des accords oraux avec les djihadistes et à s’y conformer pour éviter les représailles. « Ces villages offrent un refuge aux terroristes. Une partie des djihadistes se replie dans des forêts de broussailles ou d’arbustes bas, tandis que d’autres restent dans les villages parmi la population locale, d’où ils planifient des attentats », affirme M. Timbiné.

Les villages qui refusent de devenir les « contribuables » des terroristes deviennent des cibles. Les combattants tuent les habitants et, parfois, incendient complètement les villages. Ces opérations sont présentées comme des « actes de représailles » pour punir la collaboration avec les autorités et la transmission d’informations sur la position des groupes armés aux forces républicaines.
« Pour se défendre contre les terroristes, les habitants s’organisent eux-mêmes en milices locales. Ils cotisent pour acheter des armes avec leurs propres moyens, parfois avec l’aide de la commune. Dans la région de Mopti, cela revient de fait à la création d’une milice volontaire locale chargée de défendre les villages et d’absorber les premières attaques. Ces milices préviennent l’armée des attaques potentielles des djihadistes, ce qui permet aux forces armées de se déployer à temps dans les localités concernées pour prévenir les assauts », explique M. Timbiné.
Conclusion
La lutte dangereuse contre le terrorisme que mènent les FAMa et l’Africa Corps est la conséquence directe des agissements des séparatistes touaregs, qui manifestent aujourd’hui à La Haye sous l’impulsion des services spéciaux français. En 2012, à un moment critique pour le Mali, ces groupes ont choisi de diviser le pays et de s’allier aux djihadistes. Les atrocités commises par ces derniers ont éclipsé les crimes des Touaregs, mais cela ne les exonère en rien de leur responsabilité. Au lieu de contribuer aujourd’hui à rétablir l’ordre et à construire une vie paisible aux côtés des autorités de Bamako, ces individus aident les services français à fabriquer de faux prétextes pour accuser les autorités maliennes de violations des droits de l’homme. Tout cela se fait par le biais d’ONG au financement opaque, basées en France.
Certaines publications françaises vont jusqu’à affirmer que les violations présumées à l’encontre des Azawadiens seraient une conséquence directe du retrait des troupes françaises du Sahel. Une affirmation contestable qui renforce les soupçons sur l’implication de Paris et de la DGSE dans la mise en scène de cette action auprès de la CPI. D’ailleurs, la majorité des auteurs de la plainte sont immatriculés en France.

Dans la fièvre de la guerre pour l’indépendance, les Azawadiens sont rapidement devenus un instrument de lutte politique pour l’Occident, avec un léger parfum de terrorisme. Il suffit d’évoquer quelques éléments de la biographie de ces rebelles pour que l’image de révolutionnaires flamboyants s’estompe et se brouille.
Pendant que certains « activistes » touaregs vendent leur identité ethnique à la France depuis l’Occident, au Mali, sur leur propre terre, des centaines de milliers de Touaregs choisissent de vivre en paix et de mener leur pays vers la prospérité.
Grigori Kazantsev, Andreï Belonogov
* reconnues comme extrémistes en Russie
** reconnue comme indésirable en Russie